CHAPITRE XXXI
La porte de l’ascenseur s’ouvrit. Nom Anor en sortit, souriant et les mains tendues.
— Arrêtez-vous là ! ordonna Tahiri.
— Sinon, vous me coupez en morceaux, c’est ça ? Je ne porte pas d’armes.
— Si vous en aviez, vous ne les utiliseriez pas, cracha la jeune femme. Lâche ! Vous avez refusé le combat contre Anakin sur Yag’Dhul !
— C’est vrai, fit Nom Anor en haussant les épaules. Comment va le gamin Solo ? Mais n’ai-je pas entendu dire qu’il était mort ? Oui, en effet… Et vous étiez assez proches, non ? Quelle tristesse !
— Fermez-la !
La haine submergea Tahiri, lui donnant envie de faire ce qu’il suggérait : le couper en morceaux et éliminer à tout jamais ce sourire de sa gueule de salaud.
— Vous êtes en colère, souligna Nom Anor. Je croyais que les Jeedai évitaient cette émotion.
— Je fais une exception pour vous.
— Comme c’est flatteur ! railla l’exécuteur. Vous adopteriez le Côté Obscur rien que pour moi ?
— Vous ne savez pas de quoi vous parlez.
— C’est faux, affirma Nom Anor en quittant la cabine de l’ascenseur. J’ai étudié votre philosophie, Jeedai. Si vous me frappiez sous l’effet de la colère, vous commettriez le pire péché imaginable pour votre espèce.
— Ça vous sera égal, car vous seriez mort.
— Le serais-je vraiment ?
Nom Anor avança d’un pas.
— Stop !
— Très bien. Je ferai comme vous voulez.
A moins d’un mètre de la jeune femme, il s’arrêta et la dévisagea. Tahiri sentit ses mains trembler – pas de peur, mais sous l’effort qu’elle fit pour maîtriser ses émotions.
— Tuez-le, dit Harrar.
— Il n’est pas armé. Je ne me rendrai pas coupable d’un meurtre.
— Non ! cria Harrar en bondissant vers l’avant.
Ce mouvement perturba Tahiri. Un instant, elle détourna ses yeux de l’exécuteur. Ce faisant, elle vit une de ses pupilles s’élargir…
Un souvenir lui revint à l’esprit – Leia avait dit quelque chose au sujet de cet œil.
La Jedi s’écarta d’un bond de la trajectoire du globule de venin, mais elle avait oublié la barrière de sécurité. Une atroce douleur la fit hurler quand elle heurta le garde-corps avec sa hanche.
Ayant évité le prêtre, Nom Anor flanqua à la jeune femme un coup de pied qui lui fit perdre l’équilibre…
Son sabre laser tomba. Tahiri essaya de se rattraper à la barrière… mais elle n’y parvint pas.
Et tomba.
Se débarrasser de la Jedi avait été un jeu d’enfant !
Nom Anor se tourna pour voir ce que devenait Harrar.
Le prêtre chargea avec une grimace haineuse.
L’exécuteur l’accueillit d’un coup de pied q’urh, puis lui abattit un poing sur la nuque. Arrêté net, Harrar tituba, faillit tomber, mais attrapa un pied de son adversaire. Cela lui fournit l’occasion de rendre son coup à Nom Anor sous la forme d’un direct du droit dans l’estomac.
Plus par hasard que grâce aux aptitudes de combattant de l’exécuteur, le coup le manqua, et il put expédier Harrar à terre d’un uppercut au menton.
Le prêtre percuta le mur et s’écroula.
Un rapide tour d’horizon suggéra à Nom Anor que c’était son jour de chance : la Jedi avait perdu son sabre laser. Il le ramassa.
Grâce à ses expériences passées, il connaissait le mécanisme de cette arme et l’activa sans difficulté.
Mais Horn rodait quelque part dans le complexe ! Nom Anor coupa les lignes de puissance des ascenseurs, en commençant par celui qui était en mouvement. Il l’entendit s’arrêter avec un grincement, pas très loin.
Sachant que ça ne suffirait sans doute pas – Horn découperait un trou dans la paroi et volerait vers son ennemi – l’exécuteur quitta le bâtiment.
Sous la pluie battante, il partit en direction de l’endroit bien plat, un peu en hauteur, qu’il avait repéré.
Tahiri chercha désespérément quelque chose à attraper – n’importe quoi ! Le câble, que Corran avait utilisé pour descendre pendait à un mètre d’elle… donc cinquante centimètres trop loin.
La Force, imbécile, pensa-t-elle.
Avec son aide, Tahiri changea de trajectoire pour approcher de sa « bouée de sauvetage ».
Elle l’agrippa de ses mains nues – et faillit la lâcher par réflexe, tellement ses paumes brûlèrent.
Mais alors, elle tomberait, Nom Anor s’échapperait, Zonama Sekot mourrait… et elle décevrait Corran.
S’il était toujours en vie.
La jeune femme s’immergea dans la Force, pour ralentir sa descente.
Chaque muscle protestant contre cet effort, elle s’arrêta.
Un coup d’œil en haut lui apprit qu’elle était tombée d’une centaine de mètres.
La fureur revint, et c’était un bien : Tahiri en avait besoin – pas pour combattre, mais pour trouver les ressources pour remonter. Elle enroula ses jambes autour du câble et commença l’ascension. Chaque centimètre gagné lui valut tout un monde de souffrance.
Elle sentit les ampoules de ses mains éclater – tant mieux ! Poisseuses, elles lui assureraient de meilleures prises.
Avec mille précautions, Nom Anor avançait sur l’étroit sentier, posant les pieds aux instants où un éclair lui fournissait un éclairage bleu et blanc.
La pluie tombait dru et le bruit du vent résonnait comme le rire d’un dieu dément. Des deux côtés du col béait un abîme de nuit.
Dans un passage particulièrement délicat, Nom Anor comprit qu’il avait peur. On eût dit que la planète elle-même essayait d’accomplir ce que les Jedi n’avaient pas réussi.
Et si c’était vrai ? Si Nen Yim avait eu raison – la planète étant pensante – elle avait peut-être vu son acte de sabotage et cherchait à se venger.
— Fais ce que tu dois faire ! rugit l’exécuteur face au vent. Je suis Nom Anor. Retiens mon nom, car je t’ai tuée !
En parlant ainsi, il eut enfin l’absolue conviction d’avoir bien agi. Zonama Sekot ressemblait à une fleur tonqu, qui attirait les insectes grâce à son odeur sucrée. Ils cédaient à la tentation, se posaient – puis regardaient le long pétale s’enrouler en cercles concentriques alors qu’ils y étaient collés, impuissants.
Un monde en partie vivant, mais également composé de machines était une abomination ! Pire que Coruscant ! Pire que tout dans cette galaxie qui regorgeait pourtant d’horreurs…
Quoréal avait vu juste : ils n’auraient jamais dû venir ici.
Mais Nom Anor avait rétabli l’ordre des choses.
Il franchit le passage dangereux, puis un éclair plus fort que les autres lui permit de voir que le chemin s’élargissait devant lui.
Soudain, quelqu’un lui sauta dessus, martelant sa nuque de coup. L’impact renversa l’exécuteur, les bras en croix, la peau du menton arrachée par une pierre.
Avec un grognement, il frappa avant de rouler un peu plus loin. Un pied jaillit pour le frapper à la tête, mais Nom Anor put le saisir et faire tomber son agresseur.
Il essaya de se relever et ne rencontra que du vide. A la faveur d’un éclair, Nom Anor vit une silhouette debout devant lui. L’éclair suivant lui permit de reconnaître Harrar, terrifiant, comme si les dieux l’illuminaient de l’aura de leur vengeance.
— Nom Anor, cria le prêtre, préparez-vous à mourir !
— Cette planète vous a rendu fou, Harrar, cracha l’exécuteur. Vous vous alliez aux Jeedai, contre moi ?
— Je m’allie à Zonama Sekot. Et vous, vous êtes maudit par Shimrra, espèce de qorih sans honneur. Je vous aurais tué de toute manière.
— Zonama Sekot est un mensonge, imbécile – un conte de fées que je racontais à mes disciples pour qu’ils m’obéissent.
— Vous ne savez rien…, répliqua Harrar. Moins que rien. Croyez-vous connaître tous les secrets du clergé ? Imaginez-vous que nous partageons toute notre science ? Shimrra nous a menti. Zonama Sekot est réelle. Si vous voulez sincèrement le bien de notre peuple, vous me dévoileriez ce que vous avez fait.
Nom Anor saisit le sabre laser. Le prêtre avança. D’un seul coup de pied, il pouvait envoyer l’exécuteur à la mort.
Nom Anor n’osa pas utiliser le plaerin bol – s’il contenait encore du poison, la pluie le diluerait – ou pire elle le renverrait à son expéditeur…
L’arme Jedi restait son unique chance.
— Vous le révéler ne servirait à rien ! Le dommage est irréversible…
— Je vous crois…
Harrar fit un pas vers Nom Anor.
L’exécuteur appuya sur le bouton du sabre laser, et la lame s’activa, vaporisant les gouttes de pluie.
Quelle sensation étrange, une arme sans poids dans sa main…
Nom Anor visa le genou du prêtre, mais la position inconfortable et l’arme inhabituelle le firent rater son coup.
Voyant la lame brillante, Harrar tenta de ralentir et d’éviter l’impact : il glissa sur les pierres humides, tituba… et tomba, par-dessus Nom Anor, dans le ravin.
Son hurlement de rage et de frustration fut très court.
Essoufflé, l’exécuteur se releva, éteignit le sabre et continua sa route. Les dieux le favorisaient de nouveau, semblait-il. En tout cas, ils avaient abandonné Harrar.
Après l’arrêt du turboascenseur, Corran découpa une ouverture dans le toit de la cabine. Quand le métal eut refroidi, il sauta à l’extérieur.
A la faible lueur de l’éclairage de secours, il aperçut la porte palière, une dizaine de mètres plus haut. L’ascenseur étant magnétique, les parois étaient parfaitement lisses, les câbles d’alimentation logés derrière. Rien ne l’aiderait à monter…
Corran pourrait se ménager des « marches » au sabre laser, mais ça lui prendrait un temps infini.
Il retourna dans la cabine pour examiner le tableau de commande. La langue ne lui était pas familière – à l’exception des symboles « montée » et « descente », il ne comprenait rien.
Nom Anor avait dû couper l’alimentation, mais un système antichute avait retenu le turboascenseur. Existait-il une propulsion de secours, avec des batteries ? Si oui, seraient-elles assez puissantes ? Et comment les activer ?
Le Jedi tenta sa chance avec un bouton rouge gravé de deux lignes verticales et d’un triangle : rien. Quelques autres essais ne furent pas plus fructueux.
Frustré, Corran frappa un grand coup sur la touche portant une flèche orientée vers le ciel.
Miracle ! La cabine repartit – plus lentement que la normale.
Il aurait voulu se cogner la tête contre le mur. Bien sûr, l’alimentation de secours était un système séparé, mais qui réagissait aux mêmes commandes…
Quelques minutes plus tard, Corran sortit dans le hall, prêt à combattre. Mais il n’y avait aucun adversaire en vue. Et à part quelques taches de sang séché, sur le sol, aucune indication de ce qui avait pu se passer…
Le Jedi s’apprêtait à quitter le complexe quand il entendit du bruit dans le puits de maintenance. Se penchant, il aperçut Tahiri qui escaladait le câble supraconducteur. Il lui restait environ vingt mètres à franchir.
— Ça va pour toi ? cria-t-il.
— Oui, répondit la jeune femme.
Hésitante, elle semblait avoir du mal à grimper.
— Nom Anor s’est échappé. Tu dois l’arrêter – je te rejoindrai dès que je pourrai.
— Te laisser pendre dans le vide ne me paraît pas une option valable… Attends-moi.
Corran repartit vers les ascenseurs. Effectivement, les connexions d’alimentation avaient été tranchées – au sabre laser, apparemment. Passant la main avec précaution, il attrapa un faisceau de fibres optiques du diamètre d’une corde et le tira vers lui. Il le coupa à la longueur souhaitée et fit une boucle à une extrémité.
Tahiri n’avait pas beaucoup avancé… Corran lui lança le câble.
— Mets ton pied dans la boucle et accroche-toi. Je vais te hisser jusqu’à moi.
Avec un hochement de tête fatigué, la jeune femme obéit.
Quand elle fut passée par-dessus la barrière, Corran vit ses mains.
— Montre-moi, dit-il.
— Ça va très bien…
— Montre-moi !
Les paumes de Tahiri portaient de graves brûlures provoquées par le frottement, mais les tendons étaient intacts. La cicatrice de sa plaie infligée par un bâton amphi saignait légèrement. Aucune lésion ne serait permanente.
— Tu as finalement pu glisser le long du câble, dit Corran. C’était aussi amusant que tu l’imaginais ?
— Encore plus !
— Que s’est-il passé ici ?
— J’ai baissé ma garde… Nom Anor a dans un œil une arme qui éjecte du poison.
— Tu as été touchée ?
— Non. Mais en l’évitant, j’ai heurté la barrière. Puis il m’a fait basculer de l’autre côté.
— Et Harrar ?
— Je ne sais pas. Il a attaqué Nom Anor, je crois… Après, il l’a poursuivi. C’est d’ailleurs ce que nous devrions faire aussi.
Corran jeta un regard dehors, où la tempête continuait à faire rage dans la nuit noire.
— Je suis d’accord. Mais sans la Force comment les retrouver dans cette soupe de poix ?
— J’ai ma « sensibilité vong », dit Tahiri. S’il n’est pas trop loin, je le repérerai.
Grâce à la lampe torche de Corran, ils découvrirent dans la boue des traces de pas qui partaient vers les hauteurs. Les deux Jedi les suivirent jusqu’à une corniche rocheuse.
— Au moins, il n’y a pas plusieurs possibilités, constata Corran.
Pendant leur ascension, la foudre atteignit son paroxysme, frappant la vallée qu’ils venaient de quitter. Le tonnerre les empêchait de s’entendre. Puis, brusquement, la tempête cessa.
La pluie s’arrêta, le vent se transformant en une petite brise humide.
Le sentier étroit en rejoignit un autre, plus large et toujours ascendant.
— Il monte encore, dit Corran. Peux-tu sentir ton sabre laser ?
— Non. Les interférences… sont plus fortes que d’habitude.
— Je les perçois aussi. C’est Zonama Sekot. Quelque chose ne va pas…
— Nous avons échoué. Quoi que Nom Anor ait eu l’intention de faire, il a réussi. J’en suis sûre.
— Il est peut-être encore temps de l’arrêter. Concentre-toi. Utilise ta « sensibilité vong ».
Tahiri ferma les yeux. Corran la sentit plonger dans une transe où il ne pouvait pas la suivre.
— Je sais où il est, dit-elle après quelques minutes. Là-haut !
L’aube colora le ciel de gris quand les deux Jedi atteignirent un haut plateau affligé des stigmates d’un bouleversement récent. Le sol rocheux, ouvert par endroits, révélait ses strates inférieures. Sur la terre noire et cendreuse, la rare végétation se flétrissait. Quelques troncs carbonisés de grands arbres évoquaient les colonnes d’un temple en ruines.
— Nous l’avons perdu, dit Tahiri, au bord du désespoir. Il pourrait être n’importe où…
En effet : la terre couverte d’un filet d’herbe verte ne portait pas de traces de pas.
— Nous continuons dans la même direction, en gros, proposa Corran. A moins que…
Dans le lointain, ils entendirent une détonation, comme l’écho d’un roulement de tonnerre.
— Un grondement sonique, marmonna Corran.
Il sonda le ciel. Les nuages dissous, il restait seulement quelques cirrus, très hauts.
— Là, annonça Tahiri, désignant un point qui se déplaçait très vite.
— Tu as de bons yeux. Devine vers où ce vaisseau se dirige ?
— Là où est Nom Anor…
Le point lumineux descendit en direction du plateau. Suivant des yeux le chemin qu’il voulait emprunter, Corran capta un mouvement près d’un taillis.
— Viens ! En courant vite, nous arriverons à temps.
— Nous réussirons ! promit Tahiri.
Nom Anor observait l’approche du vaisseau quand le sol trembla soudain sous ses pieds. La secousse dura un instant, mais il sut que c’était seulement un début.
Du côté des pales d’hyperpropulsion, toujours visibles, un panache de fumée blanche montait dans le ciel.
L’exécuteur fronça les sourcils : s’il avait mal calculé son coup, et qu’il meure dans l’explosion, les dieux se tordraient de rire.
Sur sa gauche, un bruit d’herbe froissé attira son attention.
Il se retourna et aperçut… Corran Horn, ses yeux lui promettant la mort.
Le vaisseau n’était plus très loin, mais le temps qui restait suffirait au Jedi pour tuer Nom Anor. Il posa la main sur le sabre laser volé et…
… Courut se réfugier dans le taillis, derrière lui. Il lui suffirait de gagner quelques minutes pour que Choka puisse faire atterrir son vaisseau et débarquer ses guerriers.
Corran Horn se lança à la poursuite du Yuuzhan Vong.
Nom Anor se précipita à l’abri des arbres et tourna à gauche pour revenir dans la clairière. La terre trembla de nouveau – pas assez pour lui faire perdre l’équilibre, mais presque.
Un regard par-dessus son épaule lui apprit que Horn gagnait du terrain. Nom Anor accéléra encore…
… Pour découvrir, à hauteur de ses yeux, Tahiri en lévitation horizontale.
Un pied lui percuta le nez, le renversant contre un tronc d’arbre. Le souffle coupé, l’exécuteur voulut saisir le sabre laser glissé à sa ceinture… et ne rencontra que du vide.
L’arme était dans les mains de Tahiri, la lame déjà brillante.
— Il est à moi ! cria-t-elle.
— Ne le tue pas ! lança Horn.
— Je n’en ai pas l’intention, répondit la jeune femme.
Mais Nom Anor reconnut ce ton : il n’était pas humain.
Bien qu’elle parlât en basique, son accent était yuuzhan vong. Aucune trace de pitié…
— Je lui couperai simplement les pieds, continua Tahiri en approchant. Puis les mains. A moins qu’il nous dise comment inverser ce qu’il a fait à Zonama Sekot.
— Faites ce qui vous chante, dit Nom Anor. Le processus est en cours. Vous ne pouvez plus stopper le compte à rebours.
— Où est Harrar ? demanda Corran.
— Il est mort. Je l’ai tué.
L’exécuteur vit la pointe du sabre Jedi plonger vers son pied. Il tressauta sous l’effet d’une petite ligne de brûlure, sur sa cheville.
— Non, Tahiri ! ordonna Horn.
Le regard toujours meurtrier, la jeune femme retira son arme.
— Oui, maître.
— Levez-vous, Anor !
— Corran, le vaisseau atterrit, annonça Tahiri.
— Mais il ne le prendra pas. Vous avez un villip, Nom Anor… Dites-leur de repartir, ou je vous coupe la tête. Et ce n’est pas du bluff !
— Ils ne m’écouteront pas.
— Peut-être pas. Mais vous feriez mieux d’essayer.
Dans les yeux du Jedi, Nom Anor lut qu’il ne mentait pas.
Réfléchissant à toute allure, il passa la main sous son bras pour en tirer le villip.
A cet instant, Zonama Sekot essaya de les rejeter tous dans l’espace.
Le sol se cabra sous leurs pieds, et un cri retentit dans la Force. L’esprit de Tahiri s’emplit d’une souffrance telle qu’elle remarqua à peine sa chute. Frénétiquement, elle essaya de se débarrasser de la douleur de la planète pour se relever, mais la volonté qui s’imposait à elle était trop forte.
Des milliards d’aiguilles s’enfoncèrent dans son cœur, ses poumons, ses os… La tête entre les mains, Tahiri hurla avec la voix de Zonama Sekot.
A travers un rideau rouge sang, elle vit Nom Anor partir en courant entre des arbres aux formes grotesques.
Non ! Sekot, c’est lui qui t’a infligé ça !
Tahiri ne sut jamais si la planète l’avait entendue ou si cette idée lui avait fourni l’énergie nécessaire pour bannir ses tourments. En tout cas, elle put se relever.
Haletant, Horn s’était appuyé contre un arbre.
— Corran !
— Juste une seconde… Je… ça va. Je crois que j’ai repris mon contrôle.
Les deux Jedi trébuchèrent sur le sol éventré par le séisme. Nom Anor filait vers le vaisseau, qui s’était posé. Tahiri courut comme jamais dans sa vie, tirant de l’énergie de la Force qui tourbillonnait autour d’elle. Corran la précédait de peu.
Ils gagnaient du terrain sur l’exécuteur. S’ils l’atteignaient avant que les guerriers débarquent, ils auraient une chance de sauver Sekot.
La jeune femme s’accrocha à cette lueur d’espoir alors que chaque inspiration déchirait ses poumons et que son cœur menaçait d’exploser.
Soudain, sans avertissement, Corran la plaqua à terre. Avant qu’elle songe à protester, il s’étala à côté d’elle.
Pas sans raison, car un essaim d’insectes-tonnerre vrombissait dans l’air.
La souffrance de Zonama Sekot avait dû les distraire plus longtemps qu’ils n’avaient cru. Ayant quitté le navire, les guerriers s’étaient déjà dissimulés dans les sous-bois.
Les deux Jedi étaient encerclés.